Avec la somme astronomique (430 milliards de dollars) investie pour relocaliser ses usines sur le territoire américain, on se rend compte de deux choses. La première est qu’Apple a beaucoup d’argent en trésorerie. La deuxième, c’est qu’on comprend que se profile une volonté pour Apple ou pour les géants des technologies américains de rapatrier les secteurs critiques de leurs industries. Mais alors pourquoi assistons-nous à un tel revirement de situation ?
Les grands groupes occidentaux ont depuis longtemps misé sur le marché asiatique qui se montrait bien plus profitable. Ils ont aussi longtemps privilégié l’empire du milieu, la Chine, pour sa capacité à mobiliser des troupes d’ouvriers dans des délais les plus serrés. Avant son entrée à l’OMS, la Chine se trouvait dans un état de pauvreté incomparable. Aussi quand des industriels proposent quelque cent ou cent cinquante dollars par ouvrier pour travailler sur les chaines de production, les volontaires affluent. Mais voilà qu’avec plus d’argent, la Chine se modernise, les conditions de vie s’améliorent et les salaires augmentent. Même dans de telles circonstances, le pays reste attractif et les industriels occidentaux préservent leurs relations commerciales avec les usines chinoises.
À partir du Covid, le monde entre dans l’inconnu et c’est sans doute à ce moment qu’on aperçoit la capacité autoritaire de certains dirigeants (non, pas en France). Malgré une main largement mise sur la diffusion de l’information, la Chine de Xi Jinping laisse malencontreusement passer des images inavouables dans lesquelles les habitants de certains quartiers sont littéralement cloitrés dans leurs appartements avec impossibilité physique d’en sortir. On pourra notamment assister à des scènes violentes entre des résidants et des membres du comité local chargés de la « sécurité ».
Parallèlement, l’innovation technologique ne cesse de progresser et le besoin en matières premières et en composants clefs (microprocesseurs, terres rares…) se fait plus pressant que jamais à l’aube de l’intelligence artificielle. S’il y a bien un domaine dans lequel les dirigeants des grandes puissances excellent, c’est la compréhension des enjeux autour de resources clefs. Que ce soit la Chine ou les États Unis, leurs responsables comprennent que le secteur du numérique constitue un précieux morceau de viande qu’il vaut mieux ne pas partager avec l’autre.
Enfin, la Chine consciente des enjeux à long terme s’arme de façon inédite et accroit les tensions dans sa propre mer. Les tensions qu’elle entretient avec ses voisins maritimes offrent un argument supplémentaire dans la mesure du risque pour Apple. Si un conflit ouvert éclatait, il vaudrait mieux avoir ses usines sur le territoire américain.
430 milliards sur cinq ans, ce n’est pas rien et on peut facilement voir que le géant à la pomme anticipe un futur proche peu enviable. Les Facebook ou Google n’ont pas eu le même problème en raison du côté dématérialisé de leur service. Cependant, il faudra voir si à l’avenir d’autres grandes productions quittent délibérément les terres asiatiques.