Quand je fais une vidéo de l’impact du numérique sur le réchauffement climatique, elle recevra vingt fois, voire
cent fois moins de vues qu’une vidéo dans laquelle j’explique ce qu’
Elon Musk cache dans ses toilettes. Objectivement, le réchauffement climatique constitue une menace bien réelle et on ne peut plus préoccupante que les toilettes de monsieur Musk. Alors
pourquoi une information si futile soit-elle peut-elle engloutir l’attention du public ?
Plus un sujet englobe une large variété de connaissances, moins il a de chance de retenir l’attention. Quand on parle de l’impact du numérique sur le réchauffement climatique, il faut comprendre ce qu’on entend par « numérique », par « réchauffement climatique » et établir des liens entre ces deux thématiques. De plus, dans chacune des thématiques, je devrais expliquer certains mots clefs pour aider à comprendre le problème. Disons le très franchement, pour la majorité d’entre nous,
ce ne sera pas un sujet que l’on peut appréhender en une seule fois. Il faudra avoir été exposé au vocabulaire de nombreuses fois.
En revanche, dans « Que cache Elon Musk dans ses toilettes »,
tout est quasiment dit. On ne connait que trop bien le multi-milliardaire et les toilettes sont un endroit qu’on visite au quotidien. Il ne manque qu’un seul élément qui est l’objet de la problématique : qu’est-ce qui est caché ? Il apparait assez simple de
chercher la partie manquante de l’énoncé dans une vidéo ou un article.
Au delà de la simplicité qu’il y aurait à compléter un énoncé, on peut
rattacher une certaine émotion quant à exploiter la vie privée du milliardaire. Si le fait est surprenant, on pourra non seulement vivre une certaine émotion en découvrant ce qui est caché dans les toilettes d’Elon Musk, mais on pourra aussi
anticiper l’émotion vécue en le racontant aux membres de notre entourage.
De la sorte, ce qui est raconté sur nos réseaux sociaux va passer par un
filtre d’intérêt de la part du public. L’émotion suscitée par la lecture de tel article augurera de son succès. À la lecture d’un simple titre, si l’on est capable d’anticiper l’émotion que l’on va vivre en lisant le reste de l’article, il y aura de fortes chances qu’on l’ouvre et qu’on le parcourt jusqu’à la dernière ligne. En revanche, si l’on ne peut ressentir un début d’émotion à la lecture d’un titre, on peut aisément prévoir que l'article ne sera jamais ouvert.
Maintenant, dans une démarche de pure survie, on aura un intérêt croissant à
attirer l’attention de notre audience. Qu’on soit chroniqueur sur 5h50 ou simple utilisateur de facebook, on se rend assez vite compte que les articles les plus populaires seront ceux qui savent susciter une émotion dès les premiers mots. Alors, il devient fort tentant de tourner ce phénomène à notre avantage en employant un vocabulaire titillant l’émotion du lecteur. Et vous l’aurez sans doute compris à travers ma démonstration,
ce ne sont pas les réseaux sociaux qui attisent nos émotions. Ils ne sont qu’un outil nous permettant de provoquer l’émotion et attirer l’attention d’un public. Ils nous servent à reproduire les conditions de n’importe quel contexte social. Souvenez-vous de l’anecdote qui a retenu le plus votre attention dans la dernière discussion que vous avez eue avec votre cercle d’amis, ne serait-elle pas celle qui recouvrait une valeur émotionnelle forte ?